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Une montagne à Vivre
La montagne peut apporter beaucoup, aux jeunes, notamment à ceux en difficultés d’insertion sociale, aux porteurs de handicap, aux « blessés » de la vie, aux « exclus »… Elle peut être un refuge, parfois un exutoire. Elle peut aider à se construire comme à se re-construire.
Face au désarroi, à la douleur, au vide, à la violence et l’insensé, la beauté du spectacle, l’ apparence de quiétude et d’arrangement harmonieux de la nature recolle les morceaux. Elle a une fonction d’apaisement. La montagne est un formidable outil, outil d’insertion, pédagogique, « thérapeutique » :
Soi :
La montagne permet de travailler le développement moteur, intellectuel et aussi émotionnel. L’expérimentation de la sensation ; regarder, écouter, sentir, toucher, stimuler ses sens par le contact avec la nature, la découverte de notre environnement, de la faune, de la flore, du sol. La pratique sportive permet d’aborder le rapport au corps, « réapprendre à respirer par l’activité physique », réapprendre à connaître son corps, retrouver des activités du quotidien, prendre soin de soi, par une préparation physique, par la préparation de son sac. Verticalité, se mettre droit, se mettre debout. L’ascension. L’orientation. La descente. C’est aussi des moments d’intimité. Un rythme, le temps. Donner du sens au temps et à la marche, donner des repères concrets, avec des buts successifs à atteindre. Stimuler les engagements, l’engagement personnel et le dépassement de soi pour développer l’estime et la confiance en soi. La montagne ne triche pas, elle nous confronte à la réalité. « Quand tu es au sommet , tu ne peux pas aller plus haut, tu ne peux que redescendre et récupérer le fruit de ta montée… »
Les autres :
La montagne c’est la rencontre avec les autres, avec le groupe que l’on n'a pas forcément choisi, avec ceux qui nous aident dans les passages difficiles, avec ceux qu’on aide, jeunes mais aussi éducateurs, personnes encadrant ; avec des changements de place, des remises en jeu des rôles. Responsabilité, prise en charge de soi et des autres, sur le plan moral et physique. C’est aussi vivre une autre collectivité : l’ouverture sur l’autre, son respect, sa considération. La confiance en l’autre, la solidarité, le partage. La montagne et le groupe nécessitent une adaptation permanente. Le groupe est un élément pour consolider les acquis personnels de chacun.
La règle :
La montagne nécessite l’acceptation de la règle, des règles de sécurité, des normes des accompagnateurs et des règles naturelles en montagne imposées par un environnement agressif, le temps, le terrain, la météo, un rythme de vie cohérent, manger, dormir, une hygiène de vie. Accepter l’autorité de la montagne. Respect de soi, des autres, de la nature, de l’environnement. Règles imposées aussi par la vie en communauté, intégrer la vie en communauté, être responsable des taches quotidiennes. Apprendre à communiquer sans violence, apprendre ses limites… les limites.
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Un milieu et une activité spécifiques :
La montagne est un outil de remise au monde déjà à travers le déplacement qu’elle implique. La rupture de cadre et la découverte d’un « ailleurs ». Confronté à une autre région, un lieu inhabituel, le jeune a la possibilité de vivre un moment hors du commun, coupé des routines de chaque jour. Changer de lieu, c’est aussi changer de repères et d’interlocuteurs, prendre une distance propice avec son environnement, bouleverser provisoirement sa vision du monde, s’ouvrir à une autre dimension de l’existence. Le déplacement implique la surprise : découverte de lieux inattendus, prises de conscience de capacités longtemps effacées et de retrouver une confiance en soi que démentaient les expériences antérieures. Le jeune découvre d’autres formes d’organisation sociale. Il est accueilli sans préjugé, sans être d’emblée stigmatisé.
En vivant des situations nouvelles, riches, dépaysantes, les jeunes se prouvent à eux-mêmes qu’ils sont capables et leur estime de soi n’en est que valorisée : que ce soit à travers l’ascension d’un sommet, d’une nuit dans un refuge, ou de la gestion au quotidien de son effort et de son mental comme celui de ses collègues, cela leur renvoi une autre image d’eux même. Cette expérience est alors un temps de vie « hors du quotidien » qui est une étape dans une reconstruction de soi et de son avenir. Ensuite, il s’agit de mettre en parallèle ces efforts avec la vie de tous les jours.
La réussite procure un sentiment de valeur personnelle, de goût de vivre renouvelé, qui ouvre à un devenir.
Les projets peuvent porter sur une journée de randonnée comme plusieurs jours en itinérance, avec nuitée en refuge, ou bivouac ou encore des sorties prévues tout au long de l’année. Parfois avec une thématique particulière par exemple « le dépassement de soi » ou plus généralement la découverte de la montagne, d’un autre monde, d’une vie en groupe…
Les objectifs sont différents entre des séances ponctuelles et un cycle long. Le temps permet la mise en place de projet plus ambitieux avec une meilleure progression. Les projets sont toujours définis ensemble, les parcours adaptés avec des objectifs communs. La notion de plaisir, de bien être est indispensable. C’est tout l’équilibre entre une activité contraignante où il faut s’investir et une activité qui procure du plaisir, c’est une alchimie délicate et c’est en cela que le choix de la randonnée est important.
J’ai travaillé avec différents publics et structures, jeunes en difficultés sociales, déficients intellectuels, porteurs de handicap physique, autistes, adultes en entreprise d’insertion, femmes détenues en maison d’arrêt…
Chaque expérience a été très riche pour tous, malgré les difficultés rencontrées, physiques ou morales, il en est toujours ressorti un sentiment de réussite personnelle, de valorisation de soi et du bonheur.
«N’oublie jamais de regarder si celui qui refuse de marcher n’a pas un clou dans sa chaussure» Fernand Deligny
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